Laqueueleuleu

M’adressant son recueil intitulé Fort de café, il m’écrivait : « Ami, je vais glisser dans la coulisse pour quelques semaines (hospitalisation), mais je résiste. Vive nous ! ».

Nous avons encore échangé quelques mots au téléphone, mais je crois bien que ce fut pour moi son dernier message écrit. Comme nous avions, en plus de l’écriture, une passion commune pour l’Histoire, avec sa grande hache et ses guillotines, à cette occasion, il m’honorait grandement en me dédiant le texte de la page 8, Collabo 1431, qui met en scène un fagotier dont le bois fit la fumée de l’événement en ce beau mois de mai, sur la place du marché à Rouen : « Grâce à lui, elle n’a pas souffert… » soupire benoîtement cet adepte de la collaboration économique.

La dédicace est datée du 11 novembre (2004, évidemment), et parions qu’il n’y a pas de hasard dans cet autre clin d’œil.

Jacques Simonomis n’est malheureusement plus là mais, avec ce troisième recueil chez Editinter, La queue leu leu du fabuleux, le voilà plus que jamais poète et amateur d’histoire[s], double vocation qui pourrait passer inaperçue s’il n’avait pas de mots assez doux, assez polis, pour célébrer comme il se doit les « guerres merdiques » qu’il connaît sur le bout des doigts, et raconter les Zorro, les Richelieu, les Toinon ou les Bérézina.

Ainsi, une fois de plus on verra l’Histoire composer avec la fable et les mots marcher à la queue leu leu avec leurs airs délicieusement louches et, comme d’habitude, prêts à tous les malentendus qui font le poème et le suc de la poésie.

JEAN-PAUL GIRAUX (La queue leu leu du fabuleux, Extrait de la préface)

Fort de café

Dans la lignée de "L'œil américain", "Sa Majesté Auriculaire", "Un âne sur le toit" et "Un singulier grand ordinaire", Simonomis nous propose ici une centaine de ces "petites histoires" mijotées dont il a le secret. Certaines sont d'une concision extrême, courts métrages ou "roman" en quelques lignes, le fait divers y tenant une place de choix. Jouant de tous les registres de l'humour, il distord la réalité, partant souvent du quotidien le plus banal pour glisser dans l'insolite, l'étrange, l'absurde, l'incongru, l'imprévu, le fantastique. Inventeur déroutant proche de Queneau et de Max Jacob, il secoue nos certitudes avec un malin plaisir. Il émeut et surprend. Sa révolte n'est jamais vulgaire. Solidement bâties, parfois empreintes de baroquisme, ses "histoires" sont aussi parsemées d'une imagerie surréaliste tranquille. Hors des sentiers battus de l'écriture, sans référence à quelque École ou Mode, Simonomis est un poète original qui peu à peu prend sa place dans le concert grinçant des auteurs de ce siècle.

Unsingulier

Jacques Simonomis

LA QUEUE LEU LEU DU FABULEUX - Préface de Jean-Paul Giraux

Poésie et humour

ISBN 2-915228-82-5

15,00 EUR

édition papier épuisée

Jacques Simonomis

FORT DE CAFÉ

Poésie et humour

15,00 EUR

ISBN 2-915228-55-8

édition papier épuisée

Jacques Simonomis

UN SINGULIER GRAND ORDINAIRE

Poésie et humour

15,00 EUR

ISBN 2-915228-20-5

édition papier épuisée

C'est à partir de 1984, date à laquelle il commence «L'oeil américain» (Soleil Natal 1991), que Simonomis s'adonne à cette écriture où le vécu des premières lignes ne laisse en rien présager le fantastique suivant. Mais on pourrait en trouver les prémices dans un texte comme «Voleur de chair» (1961), dédié au sculpteur Aristide Maillol. Ne dépassant jamais la page, ce qu'il nomme ses «petites histoires» ont été qualifiées au fil de la critique, de : poèmes, poèmes en prose, contes courts, mini-nouvelles et, pour certaines, de petits polars ! Ces différentes appellations réjouissant fort l'auteur qui devient ainsi «une sorte d'inclassable» dans la marge des Écoles, Courants ou Mouvements littéraires dont il ne se sent en rien le troupier.

«Le moteur essentiel de ces poèmes est la brisure mais avec une force d'ouverture jubilatoire, un humour "débridé" qui chevauche, éclate», écrira André Miguel à propos de «Sa Majesté Auriculaire» (La Bartavelle 1998). Avec «Un âne sur le toit» (id. 1995) et «Un singulier grand ordinaire» ce sont plus de quatre cents petites histoires que Simonomis livre aux amateurs. Et il continue !

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